Le salaire en Suisse : comment calculer et négocier vos revenus
Avec un salaire médian en Suisse de 6425,34 € (6665 francs suisses) et un taux de chômage au plus bas depuis dix ans (2,1 %), notre voisin apparaît notamment pour les candidats franco- et germanophones comme le pays idéal pour travailler. En revanche, le coût de la vie en Suisse reste très élevé et votre rémunération devra donc être négociée en conséquence. Le temps de travail hebdomadaire est, en outre, au-dessus de celui effectué en France. Par ailleurs, il vous faudra payer votre assurance maladie vous-même, et son coût risque de peser fortement sur votre revenu mensuel.
2. Le système d'imposition suisse
3. La fiche de paie en Suisse
4. Négocier son salaire de départ en Suisse
5. Demander une augmentation salariale en Suisse
Pas de SMIC sur l'échelle nationale en Suisse
La Suisse ne dispose pas d'un salaire minimum au niveau national, mais plutôt d'un SMIC au niveau cantonal ; certains cantons proposant un salaire minimum.
Pourtant, en 2014, le salaire miminum avait fait l'objet d'un référendum pour qu'il atteigne un montant de 3300 €, mais plus de trois Suisses sur quatre ont refusé son introduction, craignant une hausse du chômage. Cependant, certaines conventions collectives de travail (CCT) prévoient un salaire minimum.
Le salaire minimum moyen en Suisse est de CHF 21 (de l'heure), ce qui représente 20,22 € par heure. En l'occurrence, si cet employé travaille 8 heures par jour, et ce pendant 20 jours par mois, le salaire le plus bas serait de 3 235,20 € brut mensuel.
Les facteurs pour calculer le salaire suisse
Comme en France, le salaire dépendra du poste occupé, du secteur dans lequel vous travaillez et des conventions collectives de travail. La rémunération comptera normalement treize salaires par an, soit douze mois de salaire et un treizième mois en décembre.
La paye en Suisse est versée sur la base de 41,7 heures hebdomadaires, dépassant d'une heure la moyenne de l'Union Européenne et de 6,7 heures le temps de travail légal en France.
L'assurance maladie en Suisse payée par l'employé
Contrairement à la France, où l'employeur doit prendre en charge une grande partie des cotisations dues à l'assurance maladie, en Suisse, la loi fédérale sur l'assurance maladie prévoit que le salarié s'assure à ses propres frais.
Selon l'Office Fédéral de la Statistique en Suisse (OFS) un ménage consacre en moyenne 533,11 € par mois pour une assurance maladie de base, 140,50 € pour des assurances maladie complémentaires et 183,80 € pour d'autres assurances.
Nos conseils en vidéo pour connaître les niveaux de salaire en Suisse
Le barème de l'impôt sur le revenu en Suisse dépend de votre permis de travail :
Permis B : autorisation de séjour de un à cinq ans pour les ressortissants de l'UE avec une imposition à la source. L'impôt est directement prélevé sur le salaire par l'employeur et reversé ensuite à l'administration fiscale du canton.
Permis L : courte durée, pour plus de quatre mois et moins d'un an. Le principe est identique au permis B.
Permis C : permis d'établissement en Suisse pour les ressortissants de l'UE ayant vécu et travaillé plus de cinq ans sur le territoire. Avec ce permis, vous êtes soumis à l'impôt communal. C'est le canton, ou la commune dans laquelle vous habitez, qui détermine le taux fiscal appliqué aux impôts sur le revenu. Le montant d'impôts que vous aurez à payer dépend donc de votre lieu de résidence.
Si vous êtes travailleur frontalier (vous résidez en France et travaillez en Suisse), vous êtes obligatoirement soumis au prélèvement à la source, même si vous payez déjà des impôts en France. Afin d'éviter de payer deux fois vos impôts, il vous faudra remplir une attestation de résidence fiscale française des travailleurs frontaliers franco-suisses.
Afin de savoir combien d'argent vous disposerez à la fin du mois, vous pouvez utiliser un calculateur d'impôts en ligne pour la Suisse. Le calcul dépend du canton où vous résidez et travaillez :
Calculateur de salaire de l'Union Syndicale Suisse (estimation du salaire pour toute la Suisse)
La feuille de salaire suisse risque de vous paraître trop simple pour être vraie ! En effet, elle est très dépouillée. Une feuille de salaire française comporte par exemple 33 postes de charges, une feuille de salaire suisse n'en a que 13.
La fiche de salaire suisse est structurée en trois parties :
vos revenus bruts (salaire mensuel, heures supplémentaires, frais journaliers, primes, indemnités maladies, etc.)
les cotisations (part employeur, sécurité sociale, retraite, etc.)
le salaire net
Consultez HelloSafe Suisse pour plus d'outils.
Comme en France, l'argent est un sujet relativement tabou dans la Confédération helvétique. D'ailleurs, contrairement à l'Autriche, le salaire est très rarement mentionné dans les offres d'emploi en Suisse.
Abordez la question de vous-même, avec délicatesse bien entendu, si vous sentez que l'employeur fait l'impasse sur le sujet.
Renseignez-vous sur le secteur ou l'entreprise dans lesquels vous souhaitez travailler s'ils sont couverts par une CCT. Si c'est le cas, vérifiez si celle-ci prévoit un salaire minimum et si votre salaire y est au moins équivalent.
Négocier son salaire, c'est se vendre. Et pour vous vendre, il va falloir... vous jeter quelques fleurs ! S'il ne s'agit nullement de se faire "mousser" (encore moins en Suisse, où l'humilité est la qualité reine, qu'ailleurs), il est important de mettre en avant les compétences qui rendent votre candidature unique, par exemple. Un candidat qui parle mandarin peut-être un atout considérable pour une entreprise qui a ses usines en Chine.
Attention : Si vous n'êtes pas encore engagé dans l'entreprise, veillez à ne pas demander un salaire trop élevé par rapport à celui proposé par l'employeur. Il sera toujours temps de négocier une augmentation si les choses se passent bien par la suite.
Préparer minutieusement sa demande
Définissez un objectif précis : quel montant, net et brut, souhaitez-vous désormais gagner ? Vous pouvez avoir de mauvaises surprises en recevant votre feuille de paie si vous ne calculez pas vos charges avec précision.
Listez les heures supplémentaires effectuées : cela peut jouer un rôle important dans la négociation. Comparez votre salaire actuel à celui de vos collègues et analysez votre valeur sur le marché grâce aux études publiées par des cabinets de recrutement.
Demandez à l'employeur s'il peut se permettre de mieux rémunérer actuellement : une start-up qui vient de se créer, ou encore une entreprise du textile qui vient de fermer deux usines, risquent de vous faire les gros yeux en cas de demande d'augmentation.
Pendant l'entretien avec votre supérieur
Comme mentionné ci-dessus, sachez que les Suisses n'aiment pas parler d'argent. C'est sans doute vous qui devrez poser la question d'une refonte de votre salaire avec votre employeur. Il est rare que celui aborde la question de lui-même.
D'après le site Karriere.at, vous devriez avoir au moins trois arguments principaux pour réclamer une augmentation.
N'avancez pas votre argument fondamental en premier. Avancez d'abord votre deuxième argument. Par exemple en disant :
"J'ai gagné trois gros clients cette année et participé à l'augmentation du chiffre d'affaires à hauteur de 5%."
Suivi par l'argument le plus faible :
"J'ai une ancienneté de deux ans, et je n'ai pas encore été augmenté."
Enfin, votre argument le plus fort, afin qu'il marque votre interlocuteur :
"L'entreprise XYZ tente actuellement de me débaucher."
Sachez faire valoir vos atouts pour l'entreprise, sans toutefois paraître vantard(e). Parlez de vos succès et de vos heures supplémentaires avec des chiffres à l'appui.
Si la demande d'augmentation a été refusée
Ne démissionnez pas sur un coup de tête : vous perdriez votre salaire et vos indemnités de licenciement du même coup !
Sauvez la face en proposant un autre deal : si l'employeur ne peut pas se permettre de vous augmenter pour des raisons économiques, vous pouvez demander des avantages en nature (p.ex. un ordinateur portable, des actions, une voiture de fonction, un smartphone, etc.). Les employeurs sont généralement ouverts à ce genre de propositions.
Si l'augmentation est refusée pour des motifs que vous jugez inacceptables : mettez à jour votre CV, votre lettre de motivation et partez à la recherche d'un nouvel emploi, mais faites-le sans fanfare ni trompette ! Vous vous rendriez la vie difficile au bureau, en attendant de démarrer votre nouvelle vie au sein d'une entreprise plus à même de rémunérer vos services selon vos attentes.
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