Comment savoir ce que gagnent vos collègues en Allemagne
Parler de son salaire en Allemagne reste un sujet tabou. Effectivement, il existe d'innombrables sites d'évaluation de salaires qui nous incitent à comparer les rémunérations avec les autres employés. Savoir ce que gagne son collègue rend ses prétentions salariales plus réalistes. Lors du prochain entretien annuel, cela peut être la meilleure preuve que votre manager peut tout à fait payer des salaires plus élevés : il sera alors temps de négocier. Voici nos conseils pour connaître le niveau de salaire de vos collègues en Allemagne.
2. Explorer les sites d'évaluation de salaires
3. Demander concrètement au collègue son salaire
4. Mettre la performance en avant pour évaluer sa valeur réelle
La loi sur la transparence des rémunérations entre les femmes et les hommes (Gesetz zur Förderung der Entgelttransparenz zwischen Frauen und Männern) devait permettre de réduire les différences de salaires entre hommes et femmes. Mais les salariés peuvent y faire appel par simple curiosité.
Les employés ont le droit de demander, par le biais du conseil d'entreprise (Betriebsrat), combien gagnent leurs collègues occupant le même poste ou un poste similaire. Le salaire médian est alors communiqué aux employés. La médiane désigne le revenu perçu par au moins la moitié des collègues comparables.
Toutefois, seules les personnes travaillant dans une entreprise de plus de 200 salariés peuvent obtenir ces informations. De plus, les informations ne concernent que le niveau de salaire du sexe opposé.
Autre restriction : si moins de 6 collègues travaillent dans le groupe de comparaison, aucune donnée salariale ne peut être fournie pour des raisons de protection des données.
Les obstacles à la communication des salaires
L'idéal serait que les entreprises, sur le modèle britannique ou islandais, soient tenues d'examiner, de publier et d'améliorer leurs structures de rémunération dans leur ensemble.
Cette loi est controversée parmi les juristes. Certes, cette loi permettrait aux employés d'obtenir des informations sur les salaires de leurs collègues, mais sans pouvoir imposer automatiquement un salaire plus juste. Les employés n'ont pas le droit de faire valoir juridiquement une rémunération égale.
Celui qui s'estime injustement rémunéré, après avoir obtenu l'information par le comité d'entreprise, peut toutefois tenter de réclamer un salaire plus élevé devant le *Arbeitsgericht* (le Conseil des prud'hommes allemand). Voilà pour la théorie.
Mais pour beaucoup, intenter une action en justice contre leur employeur est inenvisageable. En effet, une plainte ne signifie pas automatiquement que le collaborateur obtiendra plus d'argent. Sa demande pourrait être rejetée, les efforts seraient donc inutiles. Mais ce qui est sûr, c'est que la relation avec l'employeur en sera affectée.
Seul un petit nombre d'employés utilisent ce droit d'accès en Allemagne, même dans les grands groupes. Chez Siemens, moins d'une centaine d'employés l'ont utilisé, dit-on au siège de Munich. Pour l'entreprise pharmaceutique Bayer de Leverkusen, il n'y en aurait même pas 10.
Les exemples le montrent : parmi le personnel, la crainte d'être mal perçu par son employeur est manifestement trop grande.
Si vous n'osez pas demander au comité d'entreprise, vous pouvez vous informer sur les sites d'évaluation de salaires. Parmi les meilleurs sites, on trouve le moteur de recherche de salaires de Stepstone et le portail Gehalt.de. Les utilisateurs reçoivent gratuitement par e-mail un comparatif des salaires, par exemple une fourchette de salaires usuelle pour leur catégorie d'emploi. En contrepartie, ils doivent toutefois fournir certaines informations telles que leur emploi, leur secteur d'activité, leur salaire, leur âge et leur niveau d'expérience professionnelle.
Stepstone met en avant une base étendue de 200.000 données. Gehalt.de promet même plus d'un million de données salariales. Afin que les bases de données ne transmettent pas de fausses informations, les fournisseurs promettent de vérifier la plausibilité des données.
Et à quel point les données sont-elles sécurisées ? Les portails affirment qu'ils les "traitent naturellement de manière confidentielle". Cela peut ne pas convaincre tous les utilisateurs. Ceux qui se méfient des prestataires commerciaux peuvent également utiliser l'atlas des rémunérations de l'Agence fédérale pour l'emploi (Bundesagentur für Arbeit).
Enfin, il existe le site de l'Institut des sciences économiques et sociales de la Hans Böckler Stiftung. Sur son portail Lohnspiegel.de, les utilisateurs peuvent comparer les salaires de plus de 430 professions en Allemagne, selon la fondation proche des syndicats. Les données sont basées sur des enquêtes en ligne.
L'avantage de ces sites d'évaluation des salaires : les employés n'ont pas besoin de se renseigner auprès de leur employeur, mais ils ne peuvent pas non plus connaître le salaire exact du collègue qui se trouve dans le bureau d'à côté.
Pour connaître la véritable rémunération de son collègue, il n'y a qu'une seule possibilité : lui demander personnellement. Ce n'est pas interdit, mais cela peut être gênant.
En effet, les collègues les mieux payés se taisent volontiers pour éviter la jalousie. Et les moins bien payés risquent d'avoir honte. D'ailleurs, légalement, personne n'est obligé de révéler son salaire à ses collègues.
D'un autre côté, le manager ne peut pas non plus interdire à ses employés d'évoquer leur niveau de salaire avec leurs collègues de travail. Dans de nombreux contrats, il existe certes encore une obligation de discrétion concernant le salaire. De telles clauses sont toutefois nulles suivant une décision du tribunal du travail du Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale (2 Sa 183/09, Verschwiegenheit und Geheimhaltung über die Vergütung).
Pour les détracteurs de cette loi, une trop grande transparence en matière de salaire alimenterait le mécontentement chez les employés. La satisfaction globale des salariés diminuerait dès lors que chacun sait ce que son collègue gagne.
Les collaborateurs qui sont au courant de leur salaire plus élevé sont certes plus satisfaits que les autres employés, mais la satisfaction resterait limitée. D'un autre côté, les collègues les moins bien payés souffriraient d'autant plus de leur déficit en terme de salaire. Finalement, trop de transparence entraînerait une baisse de la satisfaction moyenne.
Et ceux qui ne sont pas satisfaits seraient également moins engagés dans leur travail et moins performants que leurs collègues mieux payés. La spirale se poursuivrait : les employés moins bien payés auraient tendance à changer plus souvent d'employeur.
Mais d'où vient cette jalousie envers les autres ? Pour la plupart des employés, ce qu'ils peuvent s'offrir avec leur revenu n'est pas important, les chiffres absolus ne jouent aucun rôle, ceux-ci souhaiteraient se comparer entre-eux. Et le revenu d'un collègue occupant un poste similaire est un point de référence important.
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