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Pourquoi les Allemands n'ont pas peur de perdre leur emploi

Pourquoi les Allemands n'ont pas peur de perdre leur emploi

La grande majorité des Allemands ne se font pas de souci pour leur travail. C'est ce que montre un nouveau sondage de l'Institut de l'économie allemande. Une différence entre les jeunes et les travailleurs plus âgés est toutefois frappante. Voici les raisons lesquelles les salariés en Allemagne n'ont pas peur de perdre leur emploi.

 



Emploi pas menacé, mais moins de postes vacants

1. Emploi pas menacé, mais moins de postes vacants

En Allemagne, peu d'employés craignent de perdre leur emploi. Selon un sondage de l'Institut der deutschen Wirtschaft (IW) mené auprès de 5060 salariés, 85 % d'entre eux estiment que leur emploi ne sera pas menacé dans les deux prochaines années. De plus, 9 % pensent qu'ils trouveraient rapidement un nouvel emploi après un licenciement.

Seuls 5 % des personnes interrogées craignent pour leur emploi et s'attendent à ne pas trouver de nouveau poste équivalent. Holger Schäfer, économiste à l'IW, explique :

"Ils craignent surtout que leur activité ne soit plus nécessaire à l'avenir."

Certes, de nombreuses entreprises continuent de chercher du personnel qualifié. Mais selon l'Institut für Arbeitsmarkt- und Berufsforschung (IAB), le nombre de postes vacants a diminué pour atteindre 1,57 million. Il y a un an, il y en avait 180.000 de plus.


2. Le nombre de chômeurs augmente

Parallèlement, le nombre de personnes au chômage a augmenté par rapport à l'année précédente. Pour 2024, l'IW s'attend également à une augmentation comprise entre 70.000 et 120.000 personnes. De plus, selon les statistiques de la Bundesagentur für Arbeit (BA), les chances de sortie, la probabilité de passer du chômage à un emploi, se sont légèrement détériorées.

Ceux qui n'ont guère de qualifications, dont font partie les connaissances en allemand, ont du mal à trouver un emploi. Dans le groupe des pessimistes, comme les appelle l'IW, seuls 29 % ont une formation professionnelle. 61 % des pessimistes pensent que leurs connaissances professionnelles perdent de leur valeur en raison du progrès technique. Selon Schäfer :

"Ils ne craignent pas d'être dépassés dans leur travail, mais plutôt que leur travail et leurs connaissances professionnelles dans leur ensemble deviennent superflus."

Les soucis d'emploi ne sont toutefois pas uniquement une question de spécialisation. Ainsi, ceux qui évaluent mal leurs perspectives travaillent souvent à temps partiel et dans des petits boulots : seuls 59 % des pessimistes sont employés à temps plein, contre 72 % des optimistes.


3. Les jeunes ont plus peur de perdre leur travail

Ce que les données montrent également : proportionnellement, les jeunes sont plus nombreux à craindre de perdre leur emploi. Les plus âgés, en revanche, sont plus nombreux à penser qu'il leur serait difficile de trouver un nouvel emploi.

Selon les données de la Arbeitsagentur, ces craintes correspondent à la réalité, car les seniors se retrouvent moins souvent au chômage que les jeunes, mais ils ont plus de mal à retrouver un emploi une fois qu'ils sont au chômage.



La sécurité de l'emploi en Allemagne - les raisons principales

4. La sécurité de l'emploi en Allemagne : les raisons principales

Les salariés en Allemagne bénéficient de plusieurs protections et mécanismes qui réduisent leur peur de perdre leur emploi. Voici les points majeurs :

La cogestion (Mitbestimmung)

En Allemagne, les entreprises de plus de 500 employés doivent inclure des représentants des salariés au sein des conseils de surveillance, ce qui donne aux employés un droit de regard sur les décisions stratégiques. Dans les entreprises de plus de 2 000 employés, les représentants des salariés peuvent même représenter jusqu'à 50 % du conseil de surveillance.

Cette cogestion crée un environnement de travail collaboratif et renforce la stabilité de l'emploi, car les décisions importantes (y compris celles sur les licenciements) sont discutées en prenant en compte les intérêts des salariés.

La protection contre le licenciement (Kündigungsschutz)

Les salariés allemands bénéficient d'une législation de protection contre les licenciements très stricte. Un employeur ne peut pas licencier un employé sans justification valable si ce dernier travaille depuis plus de six mois dans l'entreprise et si l'entreprise dépasse un certain nombre d'employés.

Les licenciements économiques ou pour faute doivent être justifiés et suivre une procédure encadrée, ce qui rend le licenciement plus difficile qu'ailleurs en Europe.

Le système de chômage partiel (Kurzarbeit)

En cas de crise économique ou de baisse temporaire de la demande, les entreprises peuvent recourir au chômage partiel, où l'État prend en charge une partie des salaires des employés tout en réduisant leur temps de travail.

Ce dispositif a été très utilisé pendant la crise du COVID-19 et permet aux entreprises de conserver leurs employés même en période de difficulté économique. Cela sécurise les emplois et aide les salariés à se sentir moins vulnérables face aux fluctuations économiques.

Les conventions collectives (Tarifverträge)

La négociation collective est très répandue en Allemagne. Les syndicats et les employeurs négocient des conventions collectives pour garantir des conditions de travail, des salaires et des avantages sociaux pour de nombreux secteurs d'activité.

Ces conventions protègent les employés en imposant des standards minimums en matière de rémunération, de temps de travail et de conditions de licenciement, rendant les contrats de travail plus sécurisés.

Le système de formation professionnelle et l'importance des compétences

L'Allemagne est célèbre pour son système de formation professionnelle duale, qui combine formation théorique et apprentissage en entreprise. Ce système garantit un niveau de compétence élevé pour les salariés, ce qui les rend plus adaptables aux changements du marché du travail.

En conséquence, les salariés allemands sont souvent très qualifiés et ont de meilleures chances de retrouver un emploi en cas de licenciement, ce qui réduit leur peur de perdre leur travail.

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Olivier

Olivier Geslin