Des agences de l'emploi franco-allemand pour aider les chômeurs transfrontaliers
Au premier trimestre de l’année 2021, le taux de chômage en France s’élevait à 9 % de la population active. Pour simplifier la réinsertion des demandeurs d’emploi et les placements transfrontaliers, il existe depuis 2013 une coopération entre France Travail et la Bundesagentur für Arbeit (l’Agence Fédérale pour l’Emploi en Allemagne).
Une rapide expansion pour les services de placement transfrontalier
Signée en février 2013 par le ministre du travail français Michel Sapin et son pendant allemand Ursula von der Leyen, cette coopération qui s’apparente à un Pôle Emploi franco-allemand a débuté avec le service de placement Strasbourg-Ortenau. S’en est suivi la création de trois autres services de placement transfrontalier situés le long de la frontière franco-allemande.
Les services de placement transfrontaliers franco-allemands
- Le service de placement Strasbourg-Ortenau, entre les agences de Strasbourg et d’Offenburg (Date de création : Février 2013)
- Le service de placement du territoire PAMINA, entre les agences de Haguenau, Wissembourg, Landau et Karlsruhe-Rastatt (Date de création : Septembre 2013)
- Le service de placement entre les agences du Haut-Rhin et celles de Freiburg et Lörrach (Date de création : Octobre 2013)
- Le service de placement entre les agences de Sarrebruck et Sarreguemines (Novembre 2013)
- Le service de placement entre les agences de Sélestat et Freiburg – Emmendingen
Une collaboration franco-allemande à succès...
En réalité, les échanges actifs entre France Travail et la Bundesagentur ne datent pas d'hier, puisque la première agence transfrontalière a été ouverte dans la petite ville de Kehl en février 2013 par la volonté conjointe d'Ursula von der Leyen, alors ministre du travail en Allemagne et Michel Sapin, son homologue français.
Si les balbutiements de l'agence franco-allemande de Kehl n'ont pas été sans couacs, les résultats des différentes agences de placements transfrontalières ont très vite été concluants.
En 2014, un an seulement après l'ouverture de l'agence de Strasbourg-Ortenau (située à Kehl), 200 candidats français sur les 600 inscrits avaient trouvé un emploi en Allemagne. L'agence transfrontalière avait également su attirer l'attention des employeurs, avec plus de 3000 offres d'emploi publiées.
Plus de 2500 demandeurs d’emploi ont été accompagnés de chaque côté de la frontière durant l’année 2018, à la fin de l’année un demandeur d’emploi sur deux a retrouvé du travail.
… mais qui peut encore être améliorée
Si, de toute évidence, ces coopérations sont un modèle de collaboration internationale, elles ne sont pour l'instant mises en place qu'à un niveau régional. Elles ne permettent pas à un Français de postuler dans toute l'Allemagne, ce qui limite évidemment ses chances de trouver un emploi.
Par ailleurs, le candidat doit toujours effectuer lui-même un grand nombre de démarches administratives fastidieuses, comme la reconnaissance de son diplôme ou la valorisation des périodes de formations professionnelles.
Enfin, le pré-requis indispensable est, bien entendu, une bonne maîtrise de la langue du pays dans lequel on postule. Pour augmenter ses chances de trouver du travail, un Français frontalier devra donc apprendre l'allemand.
Quelques chiffres concernant le marché de l’emploi transfrontalier franco-allemand
Selon les chiffres de l'Arbeitsagentur et de France Travail, plus de 46 000 transfrontaliers français se rendent chaque jour de l'autre côté de la frontière pour y exercer une activité professionnelle. Ce qui fait donc de l’Allemagne, la troisième destination des travailleurs frontaliers français, devant la Suisse (170 000) et le Luxembourg (70 300).
Environ 30 000 Alsaciens travaillent dans le Bade-Wurtemberg contre 23 000 Lorrains dans les Länder de la Sarre et de Rhénanie-Palatinat.
Côté allemand, seuls 4 000 personnes font le chemin inverse pour un emploi en Alsace ou en Lorraine.
Au vu de la situation actuelle du marché du travail dans les régions frontalières situées en France, il est bien rare que les Allemands postulent pour trouver un emploi de l'autre côté du Rhin.
Le chômage dans la région Grand Est frôlait en effet les 8,7 % au 01/01/2021, tandis que le Bade-Wurtemberg n'avait rien à envier aux pays scandinaves avec un taux à 4,2%.
Comme le rappelle Jürgen Beckerq, directeur de l'agence France Travail de Sarreguemines : "La plupart des offres d’emploi sont en Allemagne et la demande en France".
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