Les conditions de travail en Allemagne et en France : sondage

Les Français et Allemands travaillent-ils trop ? Oui ! D'après notre sondage auprès de 1254 participants, par choix ou par nécessité, les salariés questionnés effectuent de nombreuses heures supplémentaires non rémunérées, et ce chaque semaine. Faut-il introduire plus de flexibilité au bureau ou plutôt restreindre les possibilités de télétravail ? Nous faisons le point sur un débat crucial du travail dans l'espace franco-allemand.

Le constat est clair : nous travaillons trop. Les sondés reconnaissent dépasser largement le temps de travail officiel. Les heures supplémentaires sont devenues une évidence pour beaucoup de salariés, notamment à partir d'un certain niveau de responsabilité.

Les cadres, qui représentent 60 % des participants au sondage, sont pleinement concernés. Trois quarts d'entre eux reconnaissent travailler bien au-delà de la durée inscrite sur leur contrat de travail : majoritairement, ils effectuent entre 3 et 10 heures supplémentaires par semaine. En général, ces heures sont non rémunérées, comme le confirment 86 % des personnes interrogées.

Et même après le travail, on travaille encore... Avec la dématérialisation des communications et la généralisation des smartphones, la frontière du bureau devient de plus en plus poreuse.

30 % des sondés précisent disposer d'un smartphone payé par l'entreprise, ce qui n'empêche pas les autres de consulter les e-mails professionnels sur leur téléphone personnel ! 18 % des sondés avouent ainsi vérifier leurs courriels après 20h, 32 % même avant de se coucher, une habitude susceptible de perturber le sommeil, préviennent les experts.

La pression est telle que la réponse n'attend pas le retour au bureau. Au total, 46 % des participants reconnaissent répondre en soirée, le week-end ou en vacances aux courriels professionnels reçus. 25 % d'entre eux le font dès la lecture du message, 20 % dans la demi-heure suivant la réception.

Que reste-t-il alors du temps passé en famille, entre amis, où le travail devient une préoccupation secondaire ? Il se réduit à peau de chagrin, et la santé s'en ressent.

Un salarié sur cinq en Allemagne et en France reconnait avoir déjà été arrêté pour surmenage, l'autre nom du burn-out. Une problématique longtemps ignorée dans l'entreprise, mais qui pointe de plus en plus le bout de son nez.

22 % des sondés disent avoir été sensibilisés au problème du burn-out dans leur entreprise et aux risques sanitaires qui y sont liés. Les experts le martèlent : la hausse de la productivité n'est pas sans limite... Le marché de l'emploi est en pleine mutation.

Les effets du stress au quotidien sur la santé mentale des employés se fait de plus en plus sentir en particuliers dans les pays industrialisés comme la France et l'Allemagne. Des évolutions rapides qui s'opèrent dans le monde du travail avec la compétitivité, où les nouvelles technologies de l'information sont de plus en plus fortes...

Mais dans une économie mondialisée, où les communications sont toujours plus faciles et rapides, difficile de mettre des barrières et surtout, de s'y tenir.

Quelles solutions alors ? Les avis de nos participants peuvent paraître contradictoires. Deux groupes se dégagent : ceux qui réclament de leur employeur une plus grande flexibilité dans l'organisation du travail, et ceux qui, au contraire, souhaitent davantage de contraintes.

Plus de souplesse au travail

Les premiers aimeraient ainsi pouvoir travailler de chez eux et s'organiser comme ils l'entendent. C'est le cas de nombreuses femmes, comme le déclare cette mère de famille :

"L'idéal serait de pouvoir répartir son temps de travail autrement, avec certains jours à 10 heures de travail et d'autres à 5 heures, pour pouvoir accompagner les enfants aux activités ou chez le médecin."

Ces sondés estiment que la notion de frontière entre travail et vie privée appartient définitivement au passé. Sur cette question, une interviewée revendique :

"S'il est courant de répondre à ses mails professionnels le soir, le week-end ou en vacances, il doit également être possible de régler certaines affaires privées sur le lieu de travail. Pourquoi ne pas profiter du jour pour aller courir et de répondre aux mails quand le soleil est couché ?"

Plus de contraintes au travail

Les représentants du second groupe exigent, au contraire, une véritable extinction des feux, l'impossibilité de répondre à ses courriels professionnels pendant son temps privé. Un salarié exige par exemple :

"Il faudrait couper l'accès aux serveurs informatiques de 21h à 6h du matin. La direction doit parler de l'importance de l'équilibre entre vie professionnelle et privée et montrer leur conviction par des mesures et codes de conduite."

L'enquête montre que la définition du travail - temps, espace - est tiraillée par les demandes souvent contradictoires des salariés et des employeurs. Cela implique une nouvelle culture du travail, dont les contours restent à inventer. Deux défis se posent :

Aux dirigeants : celui d'organiser le travail avec davantage de flexibilité pour les salariés, tout en restant compétitif.

Aux salariés : celui de faire preuve d'une grande discipline, une forte productivité dans les heures de travail, y compris quand elles se font en home office, et la capacité dans les moments passés en famille, de savoir "déconnecter".

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