Hausse du temps de travail en Allemagne : ce que doivent savoir les candidats français

Allemagne, mai 2025. Tandis que l’économie stagne et que la pénurie de main-d’œuvre s’aggrave, le gouvernement de Friedrich Merz relance un vieux débat : faut-il travailler plus pour relancer le pays ? Dans le viseur, l’assouplissement du sacro-saint Acht-Stunden-Tag (journée de 8 heures) et l’éventuelle suppression d’un jour férié. Une petite révolution sociale se profile, dans un pays pourtant déjà en tête des heures travaillées en Europe. Pour les Français tentés par une carrière outre-Rhin, ces changements dessinent un nouveau paysage professionnel : plus flexible, plus exigeant, mais riche en opportunités concrètes.

La question du temps de travail occupe une place centrale dans l’actualité économique allemande. En mai 2025, le chancelier Friedrich Merz a appelé à une révision du cadre législatif de la durée hebdomadaire de travail, avec l’objectif de stimuler la productivité dans un pays frappé par une récession persistante depuis 2023. L’idée est d’assouplir les règles strictes du droit du travail en instaurant une limite hebdomadaire, plutôt que quotidienne, du temps de travail, autorisant des journées pouvant aller jusqu’à 13 heures.

Cette évolution suscite un débat intense entre syndicats, entreprises et instituts économiques. Le Institut der deutschen Wirtschaft (IW) soutient cette réforme, arguant que l’Allemagne doit compenser la baisse du volume global de travail due au départ à la retraite des baby-boomers. Pourtant, des études du Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung (DIW) soulignent une autre réalité : le volume total d’heures travaillées en Allemagne atteint déjà un niveau record, grâce notamment à l’augmentation de l’activité féminine.

En parallèle, des experts s’inquiètent des risques sanitaires liés à l’allongement du temps de travail : baisse de productivité, hausse des accidents et montée des troubles psychiques. La flexibilisation du temps de travail, loin de profiter à tous, pourrait surtout creuser les inégalités, notamment entre hommes et femmes.

Pour les travailleurs français souhaitant s’installer en Allemagne, ce contexte représente à la fois un défi et une opportunité. Malgré les débats sur le temps de travail, l’Allemagne reste l’un des marchés les plus dynamiques d’Europe en matière d’emploi, avec quatre actifs sur cinq engagés dans une activité professionnelle.

Certains secteurs souffrent particulièrement du manque de main-d’œuvre qualifiée, comme l’industrie, l’ingénierie, les soins de santé, les technologies de l'information et la logistique. Des entreprises comme Siemens, Volkswagen ou Deutsche Bahn cherchent activement à recruter des techniciens, ingénieurs, informaticiens ou logisticiens.

Les entreprises valorisent les profils mobiles, multilingues et adaptables aux nouveaux modèles de travail (télétravail hybride, flexibilité horaire, etc.). L’introduction de la semaine de quatre jours dans certaines entreprises allemandes offre également des perspectives d’un meilleur équilibre vie pro/perso, malgré les appels à travailler plus.

Ce climat de transformation structurelle du marché du travail ouvre donc des possibilités concrètes pour les professionnels français, en particulier ceux dotés d’une expérience internationale ou d’une spécialisation technique.

Accéder à l’emploi en Allemagne nécessite de répondre aux exigences de qualification du marché. Heureusement, de nombreuses formations sont accessibles aux candidats français souhaitant évoluer dans des secteurs en tension.

Pour les métiers techniques et industriels, des formations comme le BTS Maintenance industrielle, le DUT Génie électrique, ou les licences professionnelles orientées production sont très appréciées. En informatique, des certifications comme Cisco, Microsoft ou AWS renforcent considérablement l’employabilité.

Des établissements français, comme le CNAM ou les GRETA, proposent des formations en alternance avec une dimension européenne. En Allemagne, des structures comme la Handwerkskammer ou les Fachhochschulen (universités de sciences appliquées) accueillent aussi des étudiants étrangers via des programmes de formation duale (Ausbildung).

Une maîtrise de la langue allemande est un atout majeur. Des programmes comme Erasmus+, ProTandem ou l’OFAJ soutiennent les formations franco-allemandes, notamment dans les domaines techniques.

Enfin, la reconnaissance des diplômes reste une étape clé. Il est vivement conseillé de faire évaluer ses qualifications via la plateforme Anerkennung in Deutschland.

L’entreprise BASF, géant de la chimie basé à Ludwigshafen, représente un exemple concret d’adaptation aux nouveaux défis du marché du travail allemand. Confrontée aux tensions économiques et à une forte compétition internationale, la société a mis en place des modèles de travail flexibles, alliant productivité et respect de la santé des employés.

Chez BASF, la semaine de travail peut s’adapter aux cycles de production, avec un recours au modèle d’équipe alternée, tout en respectant les règles strictes de repos et en garantissant une rémunération compétitive. En parallèle, l’entreprise propose à ses collaborateurs des formations internes continues, notamment dans les domaines de la transition énergétique, de la numérisation ou de la gestion de projet.

BASF accueille également des professionnels internationaux, avec des programmes de relocalisation et des cours de langue intégrés. Cette politique RH proactive vise à faire face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée tout en soutenant le bien-être des employés.

Pour les Français souhaitant s’installer en Allemagne, BASF représente une porte d’entrée stratégique vers un emploi stable, qualifié et évolutif, dans un cadre professionnel rigoureux mais respectueux.

En savoir plus:

• Durée et temps de travail en Allemagne : notre guide 2025
• Gestion du temps de travail en Allemagne : 5 conseils
• Le travail à temps partiel en Allemagne : conditions, droit et salaire

Olivier