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À travers l'histoire de l'industrie franco-allemande et son avenir

À travers l'histoire de l'industrie franco-allemande et son avenir

L'industrie est un pilier des relations franco-allemandes, oscillant entre rivalité et coopération. Cette synergie économique et industrielle est aujourd'hui essentielle à l'Union européenne. De la Révolution industrielle à la transition écologique, son évolution reflète les grandes transformations du secteur. Nous retraçons son histoire, mettons en lumière ses succès et explorons les défis qui attendent l'Allemagne et la France.

 



Une coopération historique marquée par la rivalité et la réconciliation

1. Une coopération historique marquée par la rivalité et la réconciliation

L'histoire industrielle entre la France et l'Allemagne a été jalonnée de rivalités économiques et politiques avant d'évoluer vers une coopération stratégique.

Dès la Révolution industrielle, ces deux nations ont développé des industries puissantes et compétitives. L'essor du secteur sidérurgique, de l'automobile et de la chimie en Allemagne s'est accompagné d'une forte croissance dans les secteurs textile, ferroviaire et manufacturier en France.

Cependant, les conflits du XIXe et du début du XXe siècle, notamment la guerre franco-prussienne (1870) et les deux Guerres mondiales, ont profondément marqué les relations industrielles des deux pays.

Après la Seconde Guerre mondiale, la nécessité de reconstruire l'Europe a conduit à une collaboration inédite.


2. De l'antagonisme à la coopération : l'ère de la CECA et de l'Union européenne

Un tournant décisif a été pris en 1951 avec la création de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). Cette initiative, portée par Robert Schuman et Jean Monnet, visait à mettre en commun les ressources stratégiques pour garantir la paix et favoriser l'essor économique des deux pays. Cet accord a jeté les bases de la construction européenne et de l'intégration industrielle entre la France et l’Allemagne.

L'industrie automobile, avec des acteurs comme Renault et Peugeot en France ou Volkswagen et Mercedes en Allemagne, a bénéficié de cette coopération. De même, le secteur aéronautique a connu une expansion spectaculaire grâce à Airbus, symbole de l'excellence industrielle franco-allemande.



Une coopération historique marquée par la rivalité et la réconciliation

3. Une industrie tournée vers l'innovation et la transition écologique

Aujourd'hui, l'industrie franco-allemande est confrontée à de nouveaux défis. La transition écologique impose une mutation profonde des secteurs de l'énergie, des transports et de la production manufacturière.

L'hydrogène vert, les énergies renouvelables et la digitalisation des chaînes de production sont au cœur des préoccupations des deux pays.

Le plan de relance européen post-COVID a renforcé la coopération industrielle, notamment à travers le développement de batteries pour véhicules électriques et la modernisation des infrastructures ferroviaires.

Des entreprises comme Siemens et Alstom collaborent pour rendre le transport plus écologique et performant.


4. Les perspectives d'avenir

L'avenir de l'industrie franco-allemande repose sur l'intensification de la coopération technologique et industrielle. L'intelligence artificielle, la robotisation et l'industrie 4.0 ouvrent de nouvelles opportunités. L'Europe doit également faire face à une concurrence accrue de la Chine et des États-Unis, ce qui pousse Paris et Berlin à renforcer leur autonomie technologique.

La souveraineté industrielle et technologique est un enjeu majeur. Pour réduire leur dépendance vis-à-vis des géants américains et asiatiques, la France et l'Allemagne investissent massivement dans des projets communs, tels que le cloud souverain, les semi-conducteurs et la cybersécurité. Ces initiatives visent à garantir une autonomie stratégique tout en stimulant l'innovation et la compétitivité européennes.

Un autre domaine clé de la coopération franco-allemande concerne l'industrie de la défense. Dans un contexte géopolitique marqué par de nouvelles menaces et une nécessité de renforcer la sécurité européenne, Paris et Berlin ont intensifié leurs efforts pour développer des programmes communs.

Le projet du Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), qui vise à créer un avion de chasse de nouvelle génération, et le char de combat européen MGCS (Main Ground Combat System) en sont des exemples emblématiques. Ces initiatives renforcent la souveraineté militaire de l'Europe tout en consolidant l'industrie de la défense des deux pays.

L'avenir passera également par un renforcement des politiques industrielles européennes. La mise en place d'un cadre réglementaire incitatif, associé à des financements conséquents pour la recherche et le développement, sera essentielle pour soutenir les industries émergentes et accélérer la transition écologique. Des partenariats stratégiques avec d'autres pays européens viendront compléter cette dynamique.

Enfin, la formation et l'adaptation des compétences seront cruciales. Face à l'essor des nouvelles technologies, les travailleurs de l'industrie devront se former en continu aux innovations de l'usine du futur. L'Allemagne, avec son modèle d'apprentissage dual, et la France, avec ses écoles d'ingénieurs et pôles de recherche, ont un rôle clé à jouer dans cette transformation.



Mersen, un exemple de l'industrie franco-allemande

5. Mersen, un exemple de l'industrie franco-allemande

Saviez-vous qu'un petit morceau de l'entente franco-allemande gravitait sur Mars à la recherche de traces d'eau ? Très précisément, il s'agit des balais des moteurs électriques du robot américain Opportunity, des pièces produites à Francfort-sur-le-Main dans la filiale du groupe français Mersen (anciennement Carbone Lorraine).

Cette entreprise a eu l'audace de s'installer en Allemagne moins de trente ans après la guerre de 1870 et y produit depuis plus de 125 ans des éléments destinés à la transmission d'énergie, malgré les aléas de l'Histoire, participant ainsi aux avancées technologiques et aux relations franco-allemandes.

L'historien Fritz Koch explique :

"Il n'est pas très clair si ce fut décisif, mais en 1891 Francfort organise une foire électrotechnique inspirée de l'Exposition universelle de Paris de 1889. Otto Neumann et Willy Blumenthal, bricoleurs-inventeurs allemands à la fibre commerciale, y rencontrent les responsables de l'entreprise Le Carbone Levallois-Perret et six ans plus tard, la filiale francfortoise de cette société parisienne débute sa production de balais en graphite pour les premiers outils électriques dans le quartier de la gare à Francfort."

Après des débuts prometteurs, la Grande Guerre interrompt la production, la société ne pouvant plus s'approvisionner en matières premières depuis la France.

Sauvée de l'aryanisation

L'activité redémarre dès 1918 et ne s'est jamais interrompue depuis. En devenant notamment le principal fournisseur du constructeur électrique Bosch dans l'entre-deux-guerres, elle donne rapidement du travail à des dizaines d'ouvriers à qui elle offre cantine, sécurité sociale et caisse de retraite, une exception à l'époque.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la société est considérée comme "bien ennemi" par les nazis mais le directeur sauve l'entreprise de l'aryanisation en transférant la majorité des actions de la maison mère à la filiale allemande.

Face au manque de main-d'œuvre, les dirigeants refusent de faire appel aux travailleurs forcés. Ils font venir du personnel de Paris et le logent dans des baraques en bois sur le site, transféré à Kalbach, dans le nord de Francfort dans les années 1930.

Davantage que les conflits, c'est la crise économique résultant des chocs pétroliers qui a failli mettre un terme à cette histoire. Avec plusieurs vagues de licenciements, les effectifs passent de 660 employés à environ 80 actuellement à Kalbach, site désormais spécialisé dans les solutions électriques pour moteurs et générateurs.

L'histoire de Mersen est reproductible malgré la tendance actuelle au patriotisme économique selon Massimo Neri, directeur du groupe en Allemagne, Autriche et Suisse :

"Ce sont surtout les hommes qui créent ces histoires. Si l'on intègre dans les équipes de direction des entrepreneurs passionnés et on leur laisse suffisamment d'autonomie pour qu'ils puissent développer des activités quel que soit le contexte, tout est possible."

Outre le robot de la NASA et sa participation au record de vitesse du TGV, le site de Francfort-Kalbach œuvre dans l'éolien et compte contribuer au tournant énergétique allemand.

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Olivier

Olivier Geslin