Les produits alimentaires français en Allemagne : aimés mais peu achetés

Pour les Allemands, la France est le pays du bon vivre. Les épiceries fines sont nombreuses à proposer des produits du terroir français en Allemagne. Pourtant, hors période des fêtes, les exportateurs français peinent à vendre leurs produits. Le point sur un marché potentiellement porteur, mais dont la croissance reste limitée.

Trouver des produits français en Allemagne n'est pas mission impossible mais il faut tout de même un peu chercher. Dans les supermarchés allemands, on propose brioches, baguettes et quelques autres produits Made in France.

Mais pour avoir un plus grand choix, il faut se tourner vers une épicerie fine française (französische Feinkost). Des marchés spécialisés ou épiceries fines, comme Maître Philippe & Filles à Berlin, proposent des produits artisanaux français, tels que des confitures Bonne Maman ou des pâtisseries comme les Madeleines de Commercy.

Les plateformes en ligne offrent également une sélection variée, facilitant l'accès à des produits comme le foie gras ou les herbes de Provence, livrés directement en Allemagne.

Dans les épiceries fines, les produits français restent assez chers en Allemagne. Bien entendu, il faut ajouter le transport et la marge de ces petits vendeurs. C'est pour cette raison qu'ils ne rencontrent qu'un succès limité.

Mais à Noël, les Allemands rechignent un peu moins sur les prix, estime un commerçant français en Allemagne :

"La plupart des Allemands n'accordent pas la même importance à la nourriture que les Français. C'est une autre éducation. Mais pour les fêtes, ils n'hésitent pas à acheter des coffrets avec de la confiture de Noël, du confit de canard. Je vends aussi beaucoup de fromage pendant cette période."

Un constat que partage aussi Olivier Tourrette, fromager alsacien qui s'est installé à Montréal en y implantant La Cloche à Fromage. Il livrait autant les boutiques que les hôtels-restaurants en Allemagne, un marché qui représentait 40 % de ses exportations. Son activité se trouvait en constante évolution. Il reconnaît les différences culturelles entre les consommateurs des deux côtés du Rhin :

"Pour les Allemands, le fromage est un produit luxueux, festif. Quand les restaurants veulent faire baisser les prix des menus, ils suppriment, en premier, les fromages. Mais pendant les fêtes, on livrait énormément de fromage de chèvre, de Roquefort ou de Comté. Les Allemands étant très curieux, essayaient au fur et à mesure de plus en plus de nouveaux fromages."

Pendant la périodes des fêtes, les Allemands achètent aussi des vins et pétillants français. Achim Rudolph, un Allemand d'une cinquantaine d'années, nous explique :

"Je bois volontiers du Champagne ou du crémant à Noël et pour le Nouvel An, mais plutôt en apéritif. Pour le repas, je prends souvent un vin de dessert français comme un Sauternes ou un Muscat, surtout si on mange du foie gras."

Achim semble être une exception en Allemagne, non pas pour la consommation de vin mais sur l'achat de foie gras.

La France est championne du monde dans la production de foie gras d'oie et de canard avec près de 8 400 tonnes (60 % de la production mondiale), dont l'exportation représente 32 %. Mais l'Allemagne ne figure pas parmi les plus grands importateurs de foie gras français, contrairement à l'Espagne, le Japon, la Suisse, la Belgique et le Royaume-Uni.

Si les Allemands goûtent peu ce produit régional, ce n'est pas le seul facteur qui explique la faiblesse des importations. L'Allemagne fait partie de la liste des pays qui ont interdit le gavage des animaux. Susanne et Bea, deux Allemandes, pourtant amoureuses de la France, lancent d'une seule voix :

"Nous ne mangeons pas de foie gras parce que le traitement des animaux est vraiment insupportable."

Les macarons et la moutarde de Dijon représentent l'élégance et la qualité associées à la gastronomie française, ce qui explique leur grand succès en Allemagne.

En Allemagne, les macarons ont fortement gagné en popularité ces dernières années. Ils séduisent nos voisins par leur raffinement et leur esthétique colorée. Des marques françaises comme Ladurée ou Pierre Hermé sont bien connues en Allemagne, mais de plus en plus de pâtisseries locales s'inspirent de la tradition française pour créer leurs propres macarons.

La moutarde de Dijon, quant à elle, est toujours aussi populaire en Allemagne. Les Allemands, qui consomment beaucoup de moutarde (notamment avec leurs saucisses), apprécient la moutarde de Dijon pour son goût raffiné et son piquant plus subtil que les moutardes locales. La marque française Maille se trouve dans la majorité des supermarchés allemands.

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Olivier Geslin