Coût de la vie en Suisse comparé à la France en 2025

La Suisse est l'un des pays les plus riches d'Europe, avec des salaires parmi les plus élevés du continent. Mais cette rémunération attractive cache un coût de la vie nettement supérieur à celui de la France. Entre loyers, alimentation, santé et transports, les dépenses quotidiennes pèsent lourd sur le budget. Découvrez les écarts de prix et de salaires entre la Suisse et la France, pour mieux comprendre ce que signifie réellement "bien gagner sa vie" de l'autre côté des Alpes.

Selon les données de l'OCDE, le salaire annuel moyen en Suisse s'élève à environ 67 409 € bruts, soit environ 5 617 € par mois, ce qui correspond à un revenu net de 4 382 €.

En comparaison, en France, le salaire annuel moyen est estimé à 38 184 € bruts, soit environ 3 182 € par mois.

Ainsi, en moyenne, un salarié suisse perçoit une rémunération environ 76 % plus élevée qu'un salarié français. Cet écart est encore plus marqué dans certains secteurs comme la finance, la pharmacie ou l'ingénierie, où les cadres peuvent gagner entre 10 000 et 16 800 francs suisses par mois.

Toutefois, une fois les charges déduites, telles que le loyer, les frais de santé, ou les impôts locaux, l'avantage en termes de pouvoir d'achat net se réduit, pour atteindre un différentiel estimé entre 18 % et 30 % en faveur des résidents suisses.

Le logement et les charges

Les loyers en Suisse sont nettement supérieurs à ceux de la France. Pour un studio en centre-ville, il faut compter environ 1 600 CHF/mois (environ 1 600 €), soit le double d'un logement équivalent en France, où les loyers tournent autour de 800 €.

Pour un appartement de 2 à 3 pièces, les prix varient fortement selon la ville, allant de 2 000 à 3 500 CHF/mois, les plus élevés se trouvant à Zurich et Genève.

L'immobilier en Suisse est en moyenne 93 % plus cher qu'en France. Par exemple, le prix au mètre carré en centre-ville atteint environ 15 498 €, contre 5 919 € en France (soit 2,6 fois plus cher), tandis qu'en banlieue, il est estimé à 12 104 €/m² contre 3 968 €/m² côté français (un écart de x3,1).

À cela s'ajoutent les charges (électricité, chauffage, eau, etc.) estimées entre 150 et 300 CHF/mois.

Alimentation

Les produits alimentaires sont eux aussi plus coûteux : les denrées suisses sont environ 66 % plus chères que la moyenne européenne, et jusqu'à 85 % plus chères que celles de la France pour certains produits de base (pain, œufs, produits laitiers, etc.).

Un adulte seul dépense en moyenne environ 450 CHF/mois en nourriture, contre près de 1 000 CHF pour une famille.

Habillement, hygiène et loisirs

Les vêtements sont environ 25 % plus chers en Suisse qu’en France, et les produits d'hygiène ou soins personnels jusqu'à 54 % plus chers.

Pour les loisirs, les dépenses mensuelles varient entre 600 et 850 € pour une personne seule ou un couple, contre environ 772 € en France pour un panier équivalent.

Transport et carburant

Les prix du carburant sont seulement environ 5 % plus élevés qu'en France, mais les transports publics (train, bus, taxis) coûtent nettement plus : entre 50 % et 80 % de plus.

À titre d'exemple, un ticket de bus coûte environ 2,90 € en Suisse contre 1,60 € en France, et la prise en charge d'un taxi débute à 3,60 € en moyenne, contre 1,80 € en France. Un abonnement mensuel pour les transports en commun coûte autour de 98 CHF/mois.

Santé et assurance maladie

En Suisse, l'assurance maladie est obligatoire et entièrement à la charge du citoyen. Il faut prévoir un budget de 300 à 500 CHF par mois et par personne, selon la franchise choisie.

Les coûts médicaux globaux sont estimés à environ 2,2 fois plus élevés qu'en France, ce qui en fait l'un des postes de dépense les plus lourds du quotidien helvétique.

Internet et abonnements

Enfin, les services Internet, mobile et TV coûtent en moyenne 60 à 100 CHF/mois, soit environ 65 % plus cher qu'en France, pour une qualité de service toutefois réputée comme excellente.

Le tableau ci-dessous présente une estimation du budget mensuel moyen nécessaire pour vivre en Suisse en 2025, en distinguant les dépenses d'une personne seule et celles d'un couple ou d'une famille :

Un budget confortable tourne donc autour de 5 500 CHF pour une famille, comme le confirment plusieurs sources.

Les écarts les plus marqués se retrouvent à Zurich et Genève, où le coût global est très élevé tandis que le pouvoir d'achat local reste élevé : pour un même salaire, la pression budgétaire est plus forte.

Bâle offre un peu plus de pouvoir d'achat relatif quand Lausanne et Berne sont légèrement plus abordables. D'après Numbeo (mi‑2025) :

• Zurich : indice de coût + loyer = 93,18 ; pouvoir d'achat local très élevé (167,3)
• Genève : indice + loyer = 90,63 ; pouvoir d'achat = 171,0
• Bâle : indice de coût + loyer = 83,87 ; pouvoir d'achat = 194,9
• Lausanne : 83,44 ; pouvoir d'achat = 180,5
• Berne : 77,18

Les travailleurs frontaliers profitent d'un avantage financier important en exerçant leur emploi en Suisse tout en résidant en France. Cette configuration leur permet de bénéficier de salaires suisses nettement plus élevés, tout en évitant le coût élevé de la vie helvétique.

En vivant dans des zones frontalières comme la Haute-Savoie ou le Pays de Gex, ils réduisent considérablement leurs dépenses fixes, ce qui leur permet souvent d'épargner davantage ou de bénéficier d'un pouvoir d'achat plus élevé.

Cependant, ce modèle attire de plus en plus de travailleurs, ce qui génère une forte pression immobilière dans les régions limitrophes à la Suisse. À mesure que la demande augmente, les loyers flambent, notamment dans des villes comme Annemasse, Saint-Julien-en-Genevois ou encore Thonon-les-Bains, rendant l'accès au logement de plus en plus difficile pour les résidents locaux rémunérés en euros.

De nombreuses familles françaises, n'ayant pas accès à des salaires suisses, se trouvent ainsi en difficulté pour se loger dans leur propre région.

Cette situation engendre une tension sociale croissante, marquée par une hausse significative des loyers, une rareté des logements accessibles et une demande accrue en logements sociaux.

Les communes frontalières sont ainsi confrontées à un dilemme : profiter de la vitalité économique apportée par les frontaliers, tout en gérant les déséquilibres sociaux et urbains causés par l'attractivité du marché suisse du travail.

Pour mieux visualiser les écarts entre les deux pays, voici un bref résumé des dépenses et des revenus comparés entre la Suisse et la France en 2025 :

• Salaire net moyen : ~4 382 €/mois (Suisse) vs ~2 500 € (France) = +76 %
• Pouvoir d'achat effectif : supérieur en Suisse de 18 à 30 % selon la situation (cadre vs frontaliers vs résident)
• Logement : +90 % à plus de +150 % plus cher
• Alimentation : +60 à +85 %
• Transport : +50 à +80 %
• Assurance santé : obligatoire et coûteuse (350 CHF/mois)
• Internet/mobile, habillement, hygiène : +25–65 %

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Olivier Geslin